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Les mégarevues

Publié le 20 février 2014  par Thérèse Hameau

Qu’est-ce qu’une mégarevue ? Ce billet tente d’apporter une réponse par la définition de critères et la présentation d’exemples.


Le modèle des mégarevues marque une rupture importante par rapport aux critères classiques de l’édition scientifique. On peut définir les mégarevues par les critères suivants :
– Libre accès aux publications sans équivalent papier : diffusion en ligne uniquement ;
– Périmètre résolument multidisciplinaire : l’ancrage dans une discipline, élément structurant de l’édition scientifique traditionnelle, s’efface ;
– Évaluation par les pairs : soit « allégée » (comme pour PLOS ONE) soit après publication (« post peer-reviewing ») soit les deux. Les résultats de recherche négatifs sont parfois acceptés ;
– Délai de publication rapide ;
– Contenus à périmètre large : séquences multimédias, jeux de données, macros sont adjoints aux articles.

Des exemples

PLOS ONE – décembre 2006

Précurseur de ce nouveau concept, PLOS ONE, lancé par l’éditeur PLOS, a servi de modèle à d’autres revues qui ont repris peu ou prou ses caractéristiques. Il se définit comme une revue en ligne, internationale, en libre accès, avec une évaluation des articles par les pairs, abordant toutes les disciplines scientifiques et ayant un délai de publication court. L’évaluation porte sur la cohérence et la rigueur scientifiques des travaux et non sur leur importance ou leur impact laissés au soin de la communauté scientifique après la mise en ligne. Les auteurs conservent leurs droits. Les articles sont sous la licence Creative Commons Paternité.

Le modèle économique est celui de PLOS, c’est-à-dire auteur-payeur : les frais de publication sont de 1 350 dollars par article.

Des indicateurs qui mesurent l’impact des articles ont été mis en œuvre.

PLOS ONE a publié plus de 30 000 articles en 2013.

PLOS 2014 Highlights

SAGE Open – mai 2011

SAGE Open est une revue qui suit le modèle auteur-payeur. Elle couvre un large spectre allant des sciences sociales et comportementales aux sciences humaines. Les articles sont évalués par les pairs avant publication sur la rigueur de la méthodologie employée. La communauté scientifique peut apporter des commentaires après la publication. Les frais de publication sont de 99 dollars par article depuis janvier 2013.

eLife – novembre 2011

Initiative datant de 2011, le site d’eLife est ouvert en 2012. La particularité d’eLife est d’être issue de la collaboration de trois agences de financement de la recherche : le Howard Hughes Medical Institute (HHMI), la Max Planck Society et le Wellcome Trust. Elle cible plus particulièrement les jeunes chercheurs. Elle couvre les sciences de la vie et les sciences biomédicales. L’évaluation est réalisée avant la publication. Les articles sont sous la licence Creative Commons Paternité. Pendant la phase initiale (la durée n’est pas indiquée), aucun frais de publication n’est demandé aux auteurs.

F1000 Research – janvier 2012

Le service de veille scientifique sur abonnement Faculty of 1000 (F1000) a lancé F1000 Research. Il s’agit d’une plateforme orientée Big Data pour la publication immédiate de contenus scientifiques, dans les domaines des sciences de la vie, en libre accès intégral et avec les jeux de données associés, même incomplets. Les résultats négatifs sont acceptés. La validité scientifique des travaux fait l’objet d’une évaluation collaborative post-publication. Les frais de publication s’étalent de 250 à 1 000 dollars selon le type d’article.

SpringerPlus – janvier 2012

SpringerPlus est une revue en libre accès, multidisciplinaire, avec un rapide délai de publication. Les articles sont évalués par les pairs sur la solidité scientifique des travaux et l’intérêt des résultats rapportés dans l’article. Ils sont sous la licence Creative Commons Paternité. La soumission de jeux de données et d’enregistrements audio et vidéo est encouragée. Le coût de publication par article se monte à 1 180 dollars/870 euros.

Arrêt de la revue annoncé par Springer en juin 2016.

PeerJ – juin 2012

PeerJ est une revue en libre accès, dans le champ des sciences biologiques et médicales. Prenant exemple sur PLoS ONE[1] Peter Binfield, le cofondateur de PeerJ, a travaillé pour PLOS ONE., la sélection des articles se base sur la rigueur scientifique et méthodologique. Les articles sont sous la licence Creative Commons Paternité. Sa particularité est le mode de financement, basé sur l’auteur et non sur l’article. L’auteur a trois choix : basic — publication d’un article par an toute sa vie durant pour un coût de 99 dollars, enhanced — publication de deux articles par an toute sa vie durant pour un coût de 199 dollars, et investigator — publication illimitée d’articles toute sa vie durant pour un coût de 299 dollars. PeerJ propose également un plan de financement pour les coauteurs ou les groupes d’auteurs et pour les institutions.

Parallèlement, existe PeerJ PrePrints qui accepte toutes les publications sans frais pour les auteurs, après un contrôle allégé réalisé par l’équipe éditoriale.

GigaScience – juillet 2012

BioMedCentral, filiale de Springer, a créé la mégarevue GigaScience en partenariat avec le BGI (Beijing Genome Institute). Elle se positionne sur les Big Data dans le domaine des sciences de la vie et des sciences biomédicales. Les articles sont en libre accès et actuellement sans frais pour les auteurs, le financement étant assuré par le BGI. Ces derniers gardent leur droit d’auteur.

La revue, qui diffuse des ressources textuelles et multimédias très diverses (articles scientifiques, rapports d’expériences, graphes et schémas) est adossée à une base de données (GigaDB) pour l’hébergement et la publication des jeux de données. Chaque jeu bénéficie d`un DOI.


Autres mégarevues en STM
Sciences Advances | Revue lancée le 12 février 2014 par l’American Association for the Advancement of Science (AAAS)
Royal Society Open Science | Revue lancée le 18 février 2014 par la Royal Society of London
ScienceOpen | Revue lancée officiellement le 28 mai 2014 par la plateforme qui porte le même nom
Collabra | Revue lancée officiellement le 20 janvier 2015 par les Presses de l’université de Californie

Interview d’Alison Mudditt, directrice d’UC Press, par Richard Poynder le 12 août 2015

Autres mégarevue en SHS

Palgrave Communications | Publication des premiers articles en janvier 2015


Projet Open-access ‘mega-journals’, financé par Arts and Humanities Research Council (novembre 2015 – novembre 2017) : son objectif est d’analyser les caractéristiques des mégarevues librement accessibles et d’évaluer l’importance de leurs effets dans et en dehors de la communauté de la recherche universitaire.

Présentation des premiers résultats du projet par Stephen Pinfield : Open-Access Mega-Journals (OAMJ): initial results presented at 26016 RLUK conference


Webographie

PLoS ONE and the Rise of the Open Access MegaJournal
| Peter Binfield | février 2012

An emerging consensus for open evaluation: 18 visions for the future of scientific publishing | Nikolaus Kriegeskorte, Alexander Walther et Diana Deca | novembre 2012

New models for academic publishing | Toma Susi | février 2013

Defining and Characterizing Open Peer Review: A Review of the Literature | Emily Ford | juillet 2013

Open Access MegaJournals – Have They Changed Everything? | Peter Binfield |octobre 2013

Transforming Peer Review Bibliography | Charles W. Bailey, Jr. | janvier 2014

A survey of authors publishing in four megajournals | David J. Solomon | 2014

References

References
1 Peter Binfield, le cofondateur de PeerJ, a travaillé pour PLOS ONE.
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