Une position de l’InterAcademy Panel sur l’accès à l’information scientifique – Mexico, 4 Décembre 2003
L’adage selon lequel « savoir, c’est pouvoir » n’a jamais été aussi vrai que dans le monde d’aujourd’hui.
La science est le moyen le plus sûr de créer du savoir.
Comme elle traite exclusivement de sujets pouvant être démontrés, et donc confirmés de manière indépendante par des tiers, la science est en soi une activité qui demande une ouverture, et elle progresse grâce à la publication complète et objective de ses résultats. L’accès à la littérature importante et variée issue de la recherche scientifique et aux données numériques collectées au cours des activités de la recherche publique est une composante essentielle pour le progrès de la santé humaine, de l’agriculture et pour la préservation de l’environnement naturel qui assure notre subsistance. L’accès aux résultats de la recherche est également fondamental pour la mise au point de nouvelles technologies qui sont utiles à l’humanité. En outre, le savoir scientifique nous permet de mieux appréhender notre place dans l’univers.
Pourtant, la plupart des chercheurs et des laboratoires de recherche des pays en développement n’ont pas les moyens de s’abonner aux revues scientifiques ou encore doivent payer l’accès aux bases de données provenant des pays économiquement plus favorisés. Toutes les nations doivent avoir accès à la somme du savoir scientifique pour pouvoir oeuvrer à un avenir meilleur pour l’ensemble de la population.
A une époque où la diffusion au plan mondial des résultats de la recherche se fait de plus en plus par des moyens électroniques, il est possible de mettre ce savoir à la disposition des chercheurs du monde entier, et de leur permettre de participer au processus de la recherche scientifique et au progrès de la science. L’accès à la littérature et à des bases de données scientifiques actuelles de grande qualité permet aux chercheurs des pays en développement de baser leurs travaux sur les dernières avancées dans leur domaine et de renforcer l’infrastructure scientifique de leur pays. Malheureusement, cependant, les chercheurs et organismes de recherche du monde en développement peuvent rarement avoir accès à ces ressources scientifiques très onéreuses.
L’InterAcademy Panel on International Issues (IAP), reconnaissant que de nombreux efforts en ce sens sont en cours dans le monde et que les modèles économiques des éditeurs scientifiques doivent être pris en compte, recommande que :
1/. l’accès électronique au contenu des revues soit possible dans les meilleurs délais, gratuitement, dans le monde entier, dans un délai d’un an au plus après publication pour les chercheurs des pays industrialisés, et sans délai dès publication pour les chercheurs des pays en développement ;
2/. le contenu des revues et, dans la mesure du possible, les données servant de base à la recherche, soient formatés et présentés dans un format standard de distribution électronique afin de faciliter leur utilisation ;
3/. le contenu des revues soit archivé de manière collective, soit par des entreprises privées, soit par des organismes publics ;
4/. les Etats et les éditeurs coopèrent pour sensibiliser la communauté scientifique à la possibilité d’un accès électronique gratuit aux revues scientifiques ;
5/. les bases de données scientifiques développées par des organisations intergouvernementales (par exemple dans le domaine de la météorologie ou de l’épidémiologie) soient mises à disposition gratuitement et sans restriction à la réutilisation. Tant pour les éditeurs de revues scientifiques que pour les organisations intergouvernementales, le fait de proposer gratuitement un tel contenu aux pays en développement ne devrait avoir que peu de répercussions financières. Les ventes en direction de ces pays sont faibles par rapport aux revenus dégagés par les ventes dans les pays plus développés. De plus, le coût de la mise en œuvre de la technologie pour un accès web personnalisé pour lesdits pays est faible (pour toute information supplémentaire, voir : http://www.nap.edu/info/free_ip.html).
Nous, les académies des sciences du monde entier sous-signées, membres de l’IAP, sommes convaincues que, avec le soutien des autorités internationales, des ministères concernés et avec la coopération des éditeurs scientifiques, la diffusion mondiale du savoir scientifique peut être accomplie ; et que les bénéfices pour la communauté scientifique internationale, et pour les pays en développement en particulier, seront incommensurables.
Liste des académies signataires de la déclaration sur l’accès à l’information scientifique :
Latin American Academy of Sciences
Third World Academy of Sciences
Albanian Academy of Sciences
National Academy of Exact, Physical and Natural Sciences, Argentina
Australian Academy of Science
Austrian Academy of Sciences
Bangladesh Academy of Sciences
The Royal Academies for Science and the Arts of Belgium
Academy of Sciences and Arts of Bosnia and Herzegovina
Brazilian Academy of Sciences
Cameroon Academy of Sciences
The Royal Society of Canada
Academia Chilena de Ciencias
Chinese Academy of Sciences
Academia Sinica, China, Taiwan
Colombian Academy of Exact, Physical and Natural Sciences
Croatian Academy of Arts and Sciences
Cuban Academy of Sciences
Academy of Sciences of the Czech Republic
Academy of Scientific Research and Technology, Egypt
Estonian Academy of Sciences
The Delegation of the Finnish Academies of Science and Letters
Académie des Sciences, France
Georgian Academy of Sciences
Union of German Academies of Sciences and Humanities
Ghana Academy of Arts and Sciences
Academy of Athens, Greece
Academia de Ciencias Medicas, Fisicas y Naturales de Guatemala
Hungarian Academy of Sciences
Indian National Science Academy
Indonesian Academy of Sciences
Royal Irish Academy (Acadamh Ríoga na héireann)
Kenya National Academy of Sciences
Accademia Nazionale dei Lincei, Italy
Science Council of Japan
Royal Scientific Society of Jordan
African Academy of Sciences
Latvian Academy of Sciences
Lithuanian Academy of Sciences
Macedonian Academy of Sciences and Arts
Akademi Sains Malaysia
Academía Mexicana de Ciencias
Academy of Sciences of Moldova
Mongolian Academy of Sciences
The Royal Netherlands Academy of Arts and Sciences
Academy Council of the Royal Society of New Zealand
Nigerian Academy of Sciences
Norwegian Academy of Sciences and Letters
Pakistan Academy of Sciences
Palestine Academy for Science and Technology
Academia Nacional de Ciencias del Peru
National Academy of Science and Technology, Philippines
Russian Academy of Sciences
Académie des Sciences et Techniques du Sénégal
Slovak Academy of Sciences
Slovenian Academy of Sciences and Arts
Academy of Science of South Africa
Royal Academy of Exact, Physical and Natural Sciences of Spain
National Academy of Sciences, Sri Lanka
Royal Swedish Academy of Sciences
Council of the Swiss Scientific Academies
Academy of Sciences, Republic of Tajikistan
The Caribbean Academy of Sciences
Turkish Academy of Sciences
The Royal Society, United Kingdom
US National Academy of Sciences
Academia de Ciencias Físicas, Matemáticas y Naturales de Venezuela