Libre accès à l'information scientifique et technique
Actualités, problématiques et perspectives

Le Libre Accès aux résultats de la recherche.

Publié le 22 novembre 2004  par Thérèse Hameau

mise à jour du 22 novembre 2004

Sommaire

Introduction

1. Les textes et les acteurs

1. 1. Les prises de position

1. 2. Les acteurs et les réalisations

2. Les problèmes et interrogations soulevés

Références & liens

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Introduction

 

Parti d’initiatives isolées au début des années 1990, le mouvement en faveur du Libre Accès à l’information scientifique et technique a pris de l’ampleur à travers la mobilisation de groupes de chercheurs et les prises de positions nationales et internationales en sa faveur. Paul Ginsparg, physicien à Los Alamos, fait partie des précurseurs. C’est à lui que l’on doit la création de la première archive en 1991, dans le domaine de la physique, devenue arXiv.org. Un autre est Stevan Harnad, professeur en sciences cognitives à l’Université de Southampton, qui lance dès 1990 des revues en accès libre.
Ces actions ont un objectif commun, faciliter l’accès aux résultats de la recherche, objectif repris par la pétition de Public Library of Science (PLoS) qui est l’illustration de l’appropriation par des communautés de chercheurs du mouvement qui allait être connu sous le nom ` Open Access ` ou ` Libre Accès `.
En écho à cette pétition, vient l’Initiative de Budapest pour l’Accès Ouvert qui sera suivie d’autres déclarations, dont les signataires sont soit des chercheurs, soit des bibliothécaires, soit des institutions gouvernementales. Parallèlement à ces prises de position, les différents acteurs de la communication scientifique œuvrent pour la mise en place d’archives mais également pour la création de revues en utilisant un nouveau modèle économique, dont les exemples les plus représentatifs sont les éditeurs PLoS et BioMed Central.

Ces déclarations et réalisations suscitent de nombreuses réactions car elles soulèvent des interrogations sur les plans économiques, juridiques, techniques et organisationnels. Les acteurs impliqués dans la communication scientifique en France doivent réfléchir à la suite à donner à la prise de position initiale de deux organismes de recherche, le CNRS et l’Inserm. Il incombe à ces mêmes acteurs de faire prendre conscience aux décideurs et aux chercheurs du coût de l’IST et des problèmes que cela entraîne. Les solutions envisagées pour favoriser l’accès et préserver les résultats de la recherche doivent être étudiées en tenant compte des spécificités françaises.

` Une publication en libre accès [1] est une publication qui remplit les deux conditions suivantes :

1. Le/les auteur(s) ainsi que les titulaires du droit d’auteur accordent à tous les utilisateurs un droit d’accès gratuit, irrévocable, mondial et perpétuel et leur concèdent une licence leur permettant de copier, utiliser, distribuer, transmettre et visualiser publiquement l’œuvre et d’utiliser cette œuvre pour la réalisation et la distribution d’œuvres dérivées, sous quelque format électronique que se soit et dans un but raisonnable, et ce à condition d’en indiquer correctement l’auteur [2] ; ils accordent également aux utilisateurs le droit de faire un petit nombre de copies papier pour leur usage personnel.
2. La version complète de l’oeuvre, ainsi que tout document connexe, dont une copie de l’autorisation ci-dessus, réalisée dans un format électronique standard approprié, est déposée dès sa publication initiale dans au moins un réservoir en ligne subventionné par un établissement d’enseignement supérieur, une société savante, une agence gouvernementale ou tout autre organisme reconnu œuvrant pour le libre accès, la diffusion sans restriction, l’interopérabilité, et l’archivage à long terme (PubMed Central est un exemple de ce type de réservoir en sciences biomédicales). Notes :
1. Le libre accès est l’attribut de travaux individuels et pas nécessairement celui des revues ou des éditeurs.
2. Les règles de la communauté, plutôt que les lois sur le droit d’auteur, continueront à fournir les mécanismes garantissant une bonne attribution de la paternité de l’œuvre et une utilisation responsable de l’œuvre publiée, comme elles le font déjà aujourd’hui. `

Déclaration de Bethesda pour l’édition en libre accès, 11 avril 2003.

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1. Les textes et les acteurs

1. 1. Les prises de position

 

De l’initiative américaine Public Library of Science, début 2001, à la Déclaration du Sommet mondial sur la société de l’information en décembre dernier, le débat idéologique s’est élargi à tous les acteurs qui ont des intérêts dans la publication et la communication scientifique.

Public Library of Science (PLoS) est à l’origine une coalition de chercheurs soucieux de rendre librement accessible les résultats de la recherche scientifique. Leur première action a été d’encourager les éditeurs à archiver la littérature scientifique au travers de services de bibliothèque en ligne.
Devant le peu d’enthousiasme des éditeurs, la pétition PLoS a été lancée début 2001. Elle demandait que tout article publié soit accessible en ligne gratuitement six mois après sa parution dans une revue. Les signataires de cette pétition, un peu moins de 30 000, s’engageaient à ne publier que dans des revues appartenant à des éditeurs acceptant cette idée. Si le succès de cette pétition montre que les scientifiques se sentent concernés par les nouveaux modèles économiques de l’édition scientifique, le boycott attendu est difficilement applicable. Aussi PLoS décide-t-il de se lancer dans la publication de revues.
L’Initiative de Budapest pour l’Accès Ouvert (BOAI – février 2002) vient relancer le débat à propos de la communication scientifique. Elle a pour objectif d’étendre la mise à disposition en ligne, gratuite et sans restriction, aux résultats de la recherche, jusqu’à présent limitée à certains domaines scientifiques. Pour réaliser le Libre Accès à la littérature scientifique, cette initiative recommande deux stratégies complémentaires :

  • l’auto-archivage : les chercheurs déposent leurs articles (pré-publications et post-publications) dans des archives électroniques ouvertes ;
  • les revues alternatives : la création de nouvelles revues engagées dans le Libre Accès et des revues existantes qui choisissent de s’orienter vers cette voie.

Les idées soutenues par BOAI sont reprises dans d’autres textes et adoptées par d’autres acteurs. D’abord, en avril 2003, la de Bethesda pour l’édition en libre accès propose une définition de la publication en Libre Accès et précise le rôle des différents acteurs impliqués dans la communication scientifique : chercheurs et sociétés savantes, bibliothèques et éditeurs, et, institutions et agences de financement.

Plus récemment, la Déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance en sciences exactes, sciences de la vie, sciences humaines et sociales (octobre 2003), si elle reprend les propositions de BOAI et de Bethesda, se différencie par le fait que les signataires sont des institutions et non des individus ; de plus, elle étend le modèle du Libre Accès à l’ensemble des résultats de la recherche – comme les données brutes, les documents graphiques et multimédia – et à l’héritage culturel (l’élargissement à l’ensemble des connaissances est repris du projet European Cultural Heritage Online (ECHO)). Initiée par la Société Max Planck, on peut signaler parmi les signataires de la Déclaration de Berlin, le CNRS et l’Inserm.

Puis, le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) voit l’appropriation du mouvement par la société civile. Le Libre Accès apparaît clairement dans la Déclaration de Principes et le Plan D’action, résultats de la réunion qui s’est déroulée à Genève en décembre 2003 (la deuxième phase du sommet se tiendra en 2005 à Tunis). Ainsi, dans la Déclaration de Principes il est écrit : ` Nous nous efforçons de promouvoir un accès universel, avec égalité des chances, pour tous, aux connaissances scientifiques, ainsi que la création et la diffusion des informations scientifiques et techniques, dans le cadre, par exemple, d’un accès ouvert dans le domaine des publications scientifiques. `

Enfin, lors de la réunion des 29 et 30 janvier 2004, le comité de la politique scientifique et technologique de l’OCDE met dans l’annexe de son communiqué final, une ` déclaration sur l’accès aux données de la recherche financées sur des fonds publics `. Elle prône l’accès ouvert aux données et l’utilisation sans restriction de celles-ci. Elle insiste sur les problèmes juridiques dûs notamment aux disparités des réglementations nationales.

 

1. 2. Les acteurs et les réalisations

 

En 1998, l’Association of Research Libraries (ARL) crée Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition (SPARC) en réaction à l’évolution des prix des abonnements pratiqués par les éditeurs commerciaux. Ce regroupement d’institutions et de bibliothèques de recherche encourage la création de revues directement concurrentes de revues existant sur le marché. Même si elles suivent le modèle classique des éditeurs, abonnements payants, SPARC en diminuant les coûts veut faciliter l’accès à l’information scientifique. SPARC est impliqué directement dans le mouvement Libre Accès par ses actions d’information et d’éducation des communautés scientifiques et de soutien aux initiatives utilisant l’une ou l’autre des stratégies préconisées par la Déclaration de Budapest.

Ces deux stratégies sont le développement d’archives institutionnelles dans les universités et centres de recherche et la création de revues, avec pour objectif commun la mise à disposition en ligne, gratuite et sans restriction, des résultats de la recherche.
Depuis la création de arXiv.org en 1991, de nombreuses archives sont développées. La multiplication de serveurs de publications est rendue possible par les développements techniques fédérés par le mouvement Open Archives Initiative (OAI). Ce mouvement, lancé lors de la Convention de Santa Fe en 1999, définit un ensemble de protocoles techniques liés à la description des données et à leur interrogation ; il œuvre pour que la constitution d’archives électroniques devienne un processus établi dans la communication scientifique. En 2001, The Open Archives Initiative Protocol for Metadata Harvesting devient la référence : il mentionne les normes qui sont nécessaires pour que les archives deviennent interopérables, c’est-à-dire pour qu’elles puissent être interrogées simultanément, quelle que soit leur localisation dans le monde, en une seule requête.

De nombreux logiciels pour l’auto-archivage ont ainsi vu le jour comme eprints.org, DSpace et CDSware et on compte plus d’une centaine d’archives utilisant le protocole OAI. On peut citer pour la France, le Centre pour la Communication Scientifique Directe (CCSD), créé en 2000 par le CNRS et ayant pour mission de ` …mettre à la disposition des chercheurs de toutes disciplines, dans le monde entier, un circuit de communication directe leur permettant à la fois de charger leurs propres résultats de recherche et de consulter ceux des autres chercheurs. `
Le CCSD héberge plusieurs archives : TEL, ArchiveSIC et Articles en ligne Jean Nicod. Par ailleurs, d’autres archives ont vu le jour dont PASTEL (thèses en ligne des élèves des grandes écoles de Paris), PhysiologieAnimale (INRA), un pôle d’archives à Lyon (Lyon 2 et ENS) et LACITO archive (CNRS).

Si les développements techniques facilitent la création d’archives, le nombre et le contenu de celles-ci n’ont pas l’essor attendu. Cette situation a plusieurs origines qui se situent à des niveaux différents. D’abord, les chercheurs sont très peu sensibilisés au concept du Libre Accès. De plus, ils se trouvent confrontés à deux difficultés : l’absence d’archives institutionnelles et les différentes pratiques des éditeurs vis-à-vis des articles archivés.
Dans la situation actuelle de la communication des résultats scientifiques, la validation par les pairs est incontournable. Le dépôt d’un article dans une archive ne se substitue pas à la publication dans une revue et il peut même être un obstacle à la publication.
Ainsi, le chercheur peut se trouver dans les situations suivantes :

  • son article est refusé car il l’a déposé dans une archive avant de le soumettre pour publication dans une revue ;
  • il ne peut déposer la version validée de son article.

Cependant l’attitude des éditeurs évolue et ils sont de plus en plus nombreux à autoriser le dépôt des post-publications dans des archives, le dernier en date étant Elsevier. Pour connaître leur position, on peut se référer au document mis en ligne par le projet RoMEO (Rights Metadata for Open Archiving).

Le projet RoMEO a étudié les questions de droit liées à l’auto-archivage et notamment la protection des publications disponibles en libre accès. Il préconise l’usage
des licences proposées par la société Creative Commons. Celle-ci propose des licences qui définissent les droits des utilisateurs pour une oeuvre disponible en libre accès. L’auteur n’abandonne pas ses droits mais précise les critères d’utilisation de son article : attribution, usage commercial et oeuvres dérivées. RoMEO est également à l’origine d’un groupe, OAI-rights, chargé de travailler à l’expression des droits liés aux métadonnées et aux ressources, dans le cadre de l’Open Archive Initiative (OAI). Ce groupe a mis en ligne une information concernant la position de 93 éditeurs sur l’auto-archivage des pré et post publications.

Comme on vient de le voir, l’auto-archivage des résultats de la recherche ne remplace pas actuellement la soumission des publications et l’évaluation par les pairs. Les chercheurs qui déposent un article dans une archive le soumettent aussi pour parution dans une revue. En effet, la revue reste la référence tant du point de vue de son identité dans une communauté de chercheurs que de son facteur d’impact. Ce facteur, mis en place par l’Institute for Scientific Information (ISI), est calculé pour environ 9 000 revues. Il s’agit, pour une année N, du rapport entre le nombre de citations d’articles publiés dans une revue au cours des deux années N – 1 et N – 2, et le nombre d’articles publiés dans la même revue au cours de ces deux mêmes années N – 1 et N – 2. Un classement est établi par thématique scientifique et on attribue un rang à chacune des revues. Un article est toujours apprécié par rapport à la notoriété de la revue dans laquelle il est publié et non pour sa valeur intrinsèque.

Les revues en Libre Accès peuvent répondre à ce besoin d’identité et de visibilité. Actuellement le répertoire Directory of Open Access Journals (DOAJ) signale plus de 1 000 titres de revues en libre accès. Parmi ces revues, certaines répondent à un modèle payant mais leur accès est gratuit. Ainsi, deux acteurs majeurs, BioMed Central (BMC) et Public Library of Science (PLoS), proposent une alternative au modèle classique de l’abonnement, faire supporter les frais de publication par les auteurs ou les institutions, et ainsi rendre accessibles gratuitement les revues à l’ensemble de la communauté scientifique.

Le premier, créé en 2000, est une maison d’édition indépendante, appartenant au Current Science Group, qui offre un accès libre et gratuit aux résultats validés de la recherche dans les domaines de la biologie et de la médecine, au travers de plus de cent revues.
Le second, son appel au boycott n’ayant pas eu le succès escompté, a créé une revue en biologie et une autre est prévue dans le domaine de la médecine.

A côté de ces nouveaux éditeurs, qui dès le départ suivent le modèle du Libre Accès, certaines sociétés savantes manifestent un intérêt pour le Libre Accès et proposent un modèle hybride. Ainsi, The American physiological Society, Oxford University Press et The Company of Biologists donnent le choix à l’auteur pour l’accès à son article : soit l’article est accessible par abonnement, soit il est accessible gratuitement. Springer a aussi indiqué par l’intermédiaire de son nouveau directeur général, Derk Haank, qu’il proposerait une nouvelle option – baptisée Open Choice – permettant aux auteurs de contribuer à hauteur de 3 000 $ par article au coût de publication en échange d’une diffusion libre de leurs travaux.
Ce mouvement suscite de nombreuses réactions notamment dans le monde de l’édition et de la finance. Ainsi l’Association of Learned and Professional Society Publishers (ALPSP) se déclare favorable à tout modèle permettant un meilleur accès aux résultats de la recherche, tout en attirant l’attention sur les spécificités des domaines scientifiques et des éditeurs. Quant à l’Association internationale des éditeurs en science, technique et médecine (STM), elle rappelle l’importance du rôle des éditeurs dans l’accès à l’information : développements techniques, accès équitable – initiatives HINARI et AGORA pour les pays en développement.
Par rapport au nouveau modèle du libre accès, elle souligne que la compétition doit être arbitrée par les règles du marché et non par des choix politiques.

Une autre réaction émane du Wellcome Trust, une fondation britannique finançant la recherche biomédicale, qui prend position en faveur d’une diffusion gratuite des résultats de la recherche. Les institutions britanniques multiplient les initiatives dans le domaine de la communication scientifique :

  • enquête parlementaire concernant l’accès aux revues par la communauté scientifique lancée par la Commission Science et Technologie de la Chambre des Communes,
  • appel à propositions par le JISC (Joint
    Information Systems Committee) en direction des éditeurs et des sociétés savantes,
    qui sont invités à faire migrer leurs revues vers le modèle du Libre Accès.

Aux Etats-Unis, les National Institutes of Health (NIH) ont rendu public au mois de septembre 2004 un plan d’action visant à promouvoir le Libre accès en archivant sur PubMed Central les résultats des travaux financés sur des crédits des NIH.
Dans un autre registre, BNP PariBas a publié un rapport dont le but était de mesurer l’impact du développement des nouvelles technologies sur l’industrie de l’édition. Le modèle économique du libre accès y est montré comme un modèle concurrent potentiel de celui de l’édition classique.

Le mouvement prend de plus en plus d’ampleur et touche aussi bien des personnes ou des institutions du monde de la recherche que des organismes appartenant à la sphère de l’édition et de la finance. Ainsi, parti d’initiatives individuelles, le mouvement s’est élargi à des communautés scientifiques puis a été relayé par des centres de recherche. On a vu le développement d’archives et la création de revues en libre accès (mais peu nombreuses en regard du nombre de publications). Des acteurs impliqués dans la publication scientifique – éditeurs, financeurs de la recherche – continuent à débattre sur le Libre Accès et sur la viabilité de son modèle économique. Le monde politique s’est emparé de cette problématique
– SMSI, l’enquête de la Chambre des Communes, OCDE. Mais le Libre Accès ne peut devenir une réalité que si des décisions sont prises à un niveau national voire européen.

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2. Les problèmes et interrogations soulevés

 

Le mouvement du Libre Accès préconise deux stratégies, archivage en Libre Accès ou publication en Libre Accès : doit-on opter pour l’une ou l’autre ou les deux
?
Quelle que soit l’option choisie, elle suscite de nombreuses interrogations sur les plans économiques, juridiques, techniques et organisationnels avec des répercussions importantes sur le financement et l’évaluation de la recherche. Les questions portent également sur l’accès et la préservation des résultats de la recherche qui doivent tenir compte des spécificités liées aux disciplines scientifiques.

Les archives ont comme objectif de faciliter la communication des résultats scientifiques : les chercheurs y déposent leurs propres résultats et ont accès à ceux des autres chercheurs. Elles ont comme effet l’augmentation du lectorat et la rapidité d’accès aux documents déposés.
La création des archives doit se décider au niveau national et, soit chaque discipline scientifique a son archive, soit chaque institution constitue sa propre archive, l’un n’excluant pas l’autre. La granularité appliquée à chaque domaine scientifique peut être différente. Elle est liée à la discipline elle-même et à la manière dont la recherche dans le domaine est organisée dans le pays.

De plus, il paraît indispensable de tenir compte de ce qui existe déjà au niveau international, européen et français. Il existe, par exemple, l’archive internationale en physique arXiv.org auquelle participent les chercheurs français et dont le CCSD est le site miroir. On peut également citer l’archive PhysiologieAnimale créée par l’INRA.

Ces archives doivent constituer des réservoirs pour tous les résultats de la recherche aussi bien les articles scientifiques que les données brutes et les données factuelles. Il existe de plus en plus de données issues de la recherche qui ne sont pas incluses dans les publications. L’un des intérêts de ces réservoirs est de permettre le lien entre toutes ces données.
En mettant en place des archives, les institutions seront à même de connaître les publications produites par leurs chercheurs et d’assurer la préservation et l’accessibilité à long terme des résultats de la recherche.

Actuellement, les archives ne peuvent remplacer les revues, qui remplissent principalement trois fonctions :

  • assurer la validation du contenu des articles par un comité d’experts internationaux
    ;
  • fédérer les chercheurs autour d’une thématique ;
  • promouvoir leur contenu dans le but d’avoir une visibilité internationale.

Ainsi, les revues demeurent indispensables. Le modèle de publication en Libre Accès tend à répondre à ce fait et de plus améliore l’accès aux résultats de la recherche. Les articles subissent le même processus de validation que ceux d’une revue ` traditionnelle `.
Ce modèle est appliqué pour de nouvelles revues ou pour des revues existantes.

Pour mettre en place cette stratégie, certains éditeurs optent pour un nouveau modèle économique qui est de faire supporter les frais de publication par les auteurs ou leurs institutions.
Si les institutions de recherche choisissent de soutenir le Libre Accès, cela suppose que ces derniers fassent partie intégrante du financement de la recherche, alors que jusqu’à présent seul l’accès à l’information scientifique et technique est pris en charge, sous forme d’abonnements aux revues. Dès le début d’un projet, une part du budget devrait donc être prévu pour les publications.

Dans un premier temps le coût pour accéder et le coût pour publier s’additionnent. On peut penser que dans un deuxième temps, la masse d’informations disponible gratuitement sera telle que les besoins des chercheurs seront assurés par ces publications, et la part des revues accessibles par abonnement va notablement diminuer réduisant d’autant les coûts d’accès.
Concernant la publication en Libre Accès, les institutions peuvent agir à deux niveaux : le soutien aux revues et l’adoption de ce modèle pour les revues qu’elles éditent ou subventionnent. La mise en application du concept du Libre Accès se décline sous différentes formes :

  • accès libre et gratuit à l’intégralité de la revue ;
  • accès libre et gratuit à l’intégralité de la revue avec frais pour les auteurs
    ;
  • accès libre et gratuit à une partie d’une revue avec frais pour les auteurs (modèle hybride) ;
  • accès libre et gratuit à l’intégralité de la revue un certain temps après sa parution (` moving wall `).

L’évaluation de la recherche, comme elle est pratiquée actuellement, peut être un frein au développement du Libre Accès. Pour éviter cet écueil, les processus d’évaluation des chercheurs doivent tenir compte des articles publiés sous ce label. Si ces derniers répondent aux mêmes critères de qualité que les articles publiés dans des revues traditionnelles, la plupart des revues en Libre Accès n’ont pas de facteur d’impact. L’une des explications est que ces revues en Libre Accès sont récentes et que le mode de calcul du facteur d’impact nécessite au moins une ancienneté de trois ans. Par contre, elles bénéficient d’une plus grande visibilité, qui pourrait avoir un effet positif sur ce facteur, mais qui ne suffit pas à lever les réticences des chercheurs pour publier dans ce type de revues.

Les deux voies du Libre Accès ne sont pas antagonistes, elles ont la même finalité – le Libre Accès aux résultats de la recherche. Mais elles n’ont pas les mêmes ambitions et ne nécessitent pas l’implication des mêmes acteurs pour leur mise en œuvre, à l’exception des chercheurs qui, eux, ont un rôle central.

Aussi, si les institutions choisissent de soutenir le Libre Accès, un travail de sensibilisation est à effectuer auprès des chercheurs sur :

1. le coût de l’information scientifique et plus particulièrement sur le coût de l’accès aux revues (prix des abonnements). Les chercheurs ont une alternative aux revues traditionnelles qui est de publier dans des revues appliquant un nouveau modèle économique mais respectant les règles de validation des articles ;
2. l’intérêt de déposer dans des archives institutionnelles. Les chercheurs sont assurés d’avoir un accès pérenne aux résultats de la recherche.

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Références & liens

Les prises de position

Déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance en sciences exactes, sciences de la vie, sciences humaines et sociales – http://www.zim.mpg.de/openaccess-berlin/berlindeclaration.html

Déclaration de Bethesda pour l’édition en libre accès – http://www.earlham.edu/%7Epeters/fos/bethesda.htm
European Cultural Heritage Online : Charte – http://echo.mpiwg-berlin.mpg.de/home

Initiative de Budapest pour l’Accès Ouvert – http://www.soros.org/openaccess/fr/read.shtml

OCDE : Déclaration sur l’accès aux données de la recherche financées sur des fonds publics – http://www.oecd.org/document/1/
0,2340,en_2649_34487_26006977_1_1_1_1,00.html

Pétition de la Public Library of Science – http://www.plos.org/support/openletter.shtml

Sommet mondial sur la société de l’information : Déclaration de principes –
http://www.itu.int/dms_pub/itu-s/
md/03/wsis/doc/S03-WSIS-DOC-0004!!MSW-F.doc

Les acteurs et les réalisations

ARL – http://www.arl.org/
SPARC – http://www.arl.org/sparc/home/index.asp?page=0

ArXiv.org – http://arxiv.org/
Convention de Santa Fe – http://www.dlib.org/dlib/february00/
vandesompel-oai/02vandesompel-oai.html

The Open Archives Initiative Protocol for Metadata Harvesting – http://www.openarchives.org/OAI/
openarchivesprotocol.html

Eprints.org – http://www.eprints.org/

DSpace – http://www.dspace.org/
CDSware – http://cdsware.cern.ch/
CCSD – http://ccsd.cnrs.fr/
TEL – http://tel.ccsd.cnrs.fr/
ArchiveSIC – http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/

Articles en ligne Jean Nicod – http://jeannicod.ccsd.cnrs.fr/

PASTEL – http://pastel.paristech.org

PhysiologieAnimale – http://phy043.tours.inra.fr:8080/information_inra_francais.html

Pôle d’archives à Lyon – http://eprints.univ-lyon2.fr:8050/

LACITO archive – http://lacito.vjf.cnrs.fr/archivage/index.html.fr

Projet ROMEO – http://www.lboro.ac.uk/departments/ls/disresearch/romeo/

Creative Commons – http://creativecommons.org/

ISI – http://www.isinet.com/
DOAJ – http://www.doaj.org/
BioMed Central – http://www.biomedcentral.com/

PLoS – http://www.plos.org
The American physiological Society – http://www.the-aps.org/

Oxford University Press – http://www.oup.co.uk/

The Company of Biologists – http://www.biologists.com/web/

ALPSP – http://www.alpsp.org/default.htm

Association internationale des éditeurs en science, technique et médecine –
http://www.stm-assoc.org/
HINARI – http://www.healthinternetwork.org/

AGORA – http://www.aginternetwork.org/en/

The Wellcome Trust – http://www.wellcome.ac.uk/

Enquête de la Commission Science et Technologie de la Chambre des Communes –
http://www.parliament.uk/parliamentary_committees/
science_and_technology_committee/scitech111203a.cfm

Joint Information Systems Committee – http://www.jisc.ac.uk/

 

Pour plus d’information sur le Libre Accès :
https://openaccess.inist.fr.inist.fr/

Contact :
openaccess@inist.fr

© INIST/CNRS – Département Prospective & Relations
Extérieures, juin 2004 – novembre 2004.

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