Libre accès à l'information scientifique et technique
Actualités, problématiques et perspectives

Modèle auteur/payeur : l’impératif reste la gratuité de l’accès.

Publié le 19 janvier 2005

Directeur de recherche et responsable du Département « Physiologie animale et systèmes d’élevage » à l’Institut National de la Recherche Agronomique, Philippe Chemineau livre son point de vue sur l’évolution de la publication scientifique.


chemineau_250.gifQuestion : Quel est votre sentiment face aux évolutions induites par le mouvement en faveur du Libre Accès à l’information scientifique ?

Philippe Chemineau : Il s’agit selon moi d’une orientation naturelle dans le contexte que l’on connaît de la dérive du prix des abonnements aux journaux scientifiques qui à terme finit par limiter la diffusion de l’information. Je partage totalement l’opinion selon laquelle nous produisons l’information et qu’une restriction de l’accès par le coût est de ce fait inacceptable. C’est ce qui m’a incité à l’époque à signer l’appel de Budapest.

Q. : Vous évoquiez la question du coût des abonnements. Que pensez-vous du modèle « auteur/payeur » proposé aujourd’hui par certains éditeurs, modèle qui offre en contre-partie une gratuité de l’accès ?

P.C. : Le procédé ne me choque aucunement. De mon point de vue, l’impératif est que l’accès soit gratuit, ce qui facilite la diffusion de l’information, notamment pour les pays en développement. Mais il est vrai que la question du financement reste posée. Au niveau de l’INRA, nous collaborons à la publication de plusieurs revues, en partenariat avec des sociétés savantes ou des éditeurs, et cette question est au cœur de notre problématique dans l’optique du passage au tout électronique.

Q. : En tant que directeur de recherche, encouragez-vous vos collègues à déposer auprès d’archives institutionnelles ou à privilégier pour leurs publications des revues labellisées « open access » ?

P.C. : Quelques-uns de mes collègues commencent à s’y mettre. Je les y encourage. Cependant, deux éléments me paraissent essentiels. Premièrement, le problème du facteur d’impact – faible ou inexistant pour ces nouvelles revues en raison justement de leur jeune âge – fait que je conseille plutôt cela à des chercheurs « seniors ». Deuxièmement, parce que le choix des revues constitue l’une des libertés essentielles du chercheur. A titre personnel j’ai publié pour la première fois en 2003 dans Neuroscience, revue éditée par BioMed Central qui a adopté ce modèle. Ce qui m’a permis de tester la chaîne éditoriale que j’ai trouvée particulièrement rapide et efficace.
Pour ce qui est des archives ouvertes, la situation est différente. Même si, contrairement à d’autres disciplines, nous n’échangeons pas de pre-prints, la possibilité de disposer ainsi des articles représente un gain de temps appréciable. Le seul problème concerne les copyrights que vous demande de signer l’éditeur auprès duquel vous publiez votre article. Pour ma part, je les retourne avec des modifications concernant la réservation du droit d’auto-archivage et j’engage mes collègues à faire de même.

Q. : Quel est la position de l’INRA concernant le Libre Accès ?

P.C. : L’INRA a mis en place un système d’information dont le premier objectif consiste à recenser les références bibliographiques des publications de ses chercheurs avec, à plus long terme, la création de liens directs vers le texte intégral des articles dans les bases ouvertes des éditeurs et les archives institutionnelles déjà existantes, à l’image de l’archive « Physiologie animale et systèmes d’élevage» (http://phy043.tours.inra.fr:8080/information_inra_
francais.html
) mise en place, à titre expérimental, par Hélène Bosc et hébergée au centre INRA de Tours où j’exerçai précédemment. Une expérience concluante puisque, même si peu d’articles encore sont déposés, le taux de consultation reste, depuis son ouverture, relativement élevé.

Par ailleurs, une démarche a été menée au sein de l’institut pour convaincre la Direction Générale d’adhérer au protocole de Berlin (1), à l’instar du CNRS et de l’Inserm. Cette démarche va selon moi dans le bon sens car, pour convaincre, il est important de disposer d’un soutien institutionnel fort, que je souhaiterais plus important que ce qu’il est actuellement.

(1) L’INRA a signé la Déclaration de Berlin en faveur du Libre Accès en juillet dernier.

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