Session française à Berlin 7
La session française de cette conférence internationale, qui en est à sa septième édition depuis la Déclaration de Berlin en octobre 2003, est l’occasion de faire un tour de certaines des initiatives nationales qui s’inscrivent dans le mouvement du Libre Accès et d’entendre les représentants des institutions de recherche donner leurs points de vue sur « une politique concertée du libre accès en France ».
Actualité du libre accès en France
L’archive HAL, pionnière puisque développée avant la Déclaration de Berlin, est présentée par Laurent Guillopé, président du CPAO et récemment nommé chargé de mission auprès du Directeur général du CNRS pour la question des archives ouvertes. Ce dernier rappelle les caractéristiques de HAL : omnidisciplinarité, accès libre, contrôle de la qualité, dépôts datés, base de données unique permettant des vues personnalisées et la gestion de collection, coopérations nationales, collaborations internationales (ArXiv, PubMed Central, …), préservation à long terme etc.
Yannick Maignien présente les différentes initiatives et projets du TGE Adonis qui est une infrastructure numérique pour les sciences humaines et sociales dans laquelle le Libre Accès a naturellement sa place. Mais au-delà de la littérature scientifique, il insiste sur l’importance des données.
La France propose également des solutions pour les revues, également en SHS, comme revues.org présentée par Marin Dacos qui rappelle ici l’importance de la technologie libre pour qu’elle puisse être utilisée directement par les porteurs de revues qui se voient offrir des maquettes personnalisées pour leurs titres et sont bien sûr maître quant au type d’accès qu’il souhaite proposer pour leur articles (accès libre avec ou sans barrière mobile).
L’initiative CAIRN est présentée par Marc Minon comme complémentaire de la précédente en ce sens qu’elle est une solution pour les éditeurs privés qui souhaitent un fonctionnement en délégation et l’accès est soumis à un paiement en général pour les numéros récents.
Concernant les mêmes thématiques scientifiques, on trouve également Persée qui offre un accès aux archives de revues. Viviane Bouletreau insiste sur la nécessité de l’intéropérabilité et de la préservation comme au Libre Accès.
L’objectif de l’initiative NUMDAM – une des réalisations de la Cellule MathDoc présentée par Thierry Bouche – est de développer une bibliothèque de référence en mathématique qui se voudrait exhaustive, pérenne, ouverte et facile d’accès pour les non mathématiciens. Cette dernière propose déjà 27 000 articles issus de revues anciennes numérisées, accessibles en ligne, pour certains à l’issu d’un délai appelé « créneau mobile ». Le modèle NUMDAM est repris dans un projet européen, EuMDL, qui démarre en 2010 pour trois ans et regroupe treize partenaires.
A coté de la mise en ligne de revues, des institutions développent leurs archives. Les exemples concernent Sciences Po, d’une part, et l’université Paris Dauphine, d’autre part, exposés respectivement par Bénédicte Barbé et Christine Okret-Manville. Le point commun à ces deux institutions est l’adhésion au réseau NEREUS – et le projet européen NEEO – qui a accéléré le développement des leurs archives respectives. La première, SPIRE, bénéficie également pour son développement du fait qu’elle devient un outil de gestion, de valorisation et d’évaluation pour l’Institution.
Le tour d’horizon des initiatives se termine par la présentation des recommandations du groupe de travail sur le Libre Accès du GFII. Hélène Bourguignon précise les objectifs du groupe composé des « principaux acteurs économiques concernés par le libre accès », à savoir : connaître les métiers et les attentes de chacun, favoriser le dialogue afin de « contribuer à la construction d’un système efficient ».
Vers une politique concertée du libre accès en France
Suite à ces interventions, la table ronde, animée par Jean-Pierre Kahane (Académie des Sciences), rassemble Jean-Pierre Verjus (INRIA), Thierry Damerval (Inserm), Michel Spiro (CNRS), Michel Marian (ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche), Grégory Colcanap (Couperin) et Yvonne Flour (université Paris I Panthéon-Sorbonne).
– L’INRIA rappelle sa présence au côté du CNRS et l’engagement d’obligation morale de dépôt qui devrait conduire à 100% de signalement des publications à moyen terme.
– L’Inserm parle de HAL Inserm et du lien vers PubMed Central et explique qu’il n’existe pas d’obligation mais que l’organisme pratique plutôt une politique d’incitation qui s’appuie sur l’équipe IST pour convaincre et expliquer.
– Le CNRS insiste sur le contexte international dans lequel a été développé l’archive HAL, la collaboration nationale dans laquelle il souhaite s’inscrire et évoque la possibilité d’une ouverture pour le pilotage.
– Le ministère – qui n’est pas signataire de la Déclaration de Berlin – encourage les initiatives liées au Libre Accès tout en rappelant la nécessaire mutualisation concernant les archives ouvertes comme pour les autres sujets liés à l’IST. Sa position concernant l’obligation de dépôt rejoint celle des autres participants à savoir qu’elle n’est pas souhaitable.
– Couperin reprécise les motivations du développement des archives dans les universités (valorisation de la production …) et l’importance de la communication des différents systèmes mis en place.
Les réformes engagées pour l’enseignement supérieur et la recherche sur les questions liées au Libre Accès ne doivent pas avoir d’incidence selon le CNRS mais nécessite une position commune selon l’Inserm, la collaboration ne souffrant pas l’obligation selon l’INRIA.
L’idée de considérer HAL comme une infrastructure de recherche pilotée par la recherche est évoquée. Son pilotage devrait alors inclure les institutions, les utilisateurs et avoir une dimension internationale.
Le ministère propose la création d’un lieu de réflexion pour permettre de continuer à travailler à « une politique concertée du libre accès en France » !