Libre accès à l'information scientifique et technique
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Une très brève présentation du Libre Accès par Peter Suber

Publié le 21 janvier 2005

Voici la version française d’un texte de Peter Suber, animateur bien connu du site Open Access News.


La littérature en Libre Accès (ou Open-access – OA) se présente sous forme électronique, accessible en ligne gratuitement et exempte de la plupart des restrictions imposées par le droit d’auteur et les licences d’utilisation. Cela est rendu possible par l’Internet et avec le consentement de l’auteur ou titulaire du droit d’auteur.

Dans la plupart des disciplines scientifiques, les revues savantes ne rétribuent pas les auteurs, qui peuvent dès lors accepter le Libre Accès sans perdre d’argent. Sur ce point, la position des enseignants-chercheurs et des scientifiques diffère beaucoup de celle de la majorité des musiciens ou des réalisateurs de cinéma, et les controverses relatives au Libre Accès à la musique et aux films ne s’appliquent pas à la littérature scientifique.

Le Libre Accès est totalement compatible avec la logique de validation par des pairs (comité de lecture) et tous les mouvements du Libre Accès pour la publication scientifique et savante en soulignent l’importance. A l’instar des auteurs qui font cadeau de leur travail, la plupart des rédacteurs et lecteurs impliqués dans cette validation en font autant.

La littérature scientifique en Libre Accès n’est pas gratuite à produire, même si les coûts de production sont moins élevés que pour les publications classiques. La question n’est pas tant de savoir s’il est possible de produire les publications scientifiques gratuitement, mais plutôt de déterminer s’il existe de meilleurs moyens de faire face aux coûts que de les faire payer par les lecteurs et en créant des barrières d’accès. Les modèles économiques pour supporter les coûts vont dépendre du mode de diffusion des publications en Libre Accès.

La mise en Libre Accès des articles scientifiques opère selon deux modes de diffusion : les revues en Libre Accès et les archives ou entrepôts en Libre Accès.
Les archives ou entrepôts en Libre Accès ne fonctionnent pas avec un comité de lecture, et se bornent à donner gratuitement accès à leur contenu au monde entier. Ils peuvent contenir des prépublications qui n’ont pas été soumises à un comité de lecture, des postpublications qui l’ont été, ou les deux. Les archives peuvent appartenir à des institutions, comme des universités ou des laboratoires de recherche, ou relever de disciplines scientifiques, par exemple, la physique ou l’économie. Les auteurs sont en droit d’archiver leurs prépublications sans la permission de quelqu’un d’autre, et une grande majorité de revues autorise d’ores et déjà les auteurs à archiver leurs postpublications. Lorsque ces archives sont en conformité avec le protocole de collecte des métadonnées de l’Open Archives Initiative, elles sont interopérables : les utilisateurs peuvent retrouver des informations qu’elles contiennent sans savoir quelles archives existent, où elles sont situées et ce qu’elles contiennent. Il existe maintenant des logiciels libres qui permettent de créer et de gérer des archives compatibles OAI et on est en présence d’une dynamique mondiale d’utilisation. Les coûts d’une archive sont négligeables : un peu d’espace serveur et un peu de temps d’un technicien.
Les revues en Libre Accès fonctionnent avec un comité de lecture et les articles acceptés sont accessibles gratuitement dans le monde entier. Les frais supportés concernent l’activité de validation, la préparation des manuscrits et l’espace serveur. Les revues en Libre Accès couvrent leurs dépenses de manière très semblable aux chaînes de télévision et aux stations de radio : les acteurs qui ont intérêt à diffuser du contenu paient les coûts de production en amont de sorte que toute personne dotée de l’équipement qu’il faut peut y accéder gratuitement. Parfois, cela implique que la revue soit soutenue financièrement par l’université ou la société professionnelle qui l’héberge. Parfois, cela veut dire que les revues font payer un droit de traitement sur les articles acceptés, droit à honorer par l’auteur ou par l’organisme qui le soutient (employeur ou organisme de financement). Les revues en Libre Accès qui font payer des frais de traitement y renoncent en général en cas de difficultés économiques. Celles qui sont soutenues par une institution ont tendance à ne pas faire payer de frais de traitement. Certaines peuvent vivre avec des subventions ou des frais relativement modestes si elles bénéficient de rentrées en provenance d’autres publications, de la publicité ou bien de ressources supplémentaires à titre onéreux et de services auxiliaires. Certains organismes ou consortiums mettent en place des réductions de prix. Certains éditeurs en Libre Accès exemptent de frais les chercheurs affiliés à des institutions qui souscrivent une cotisation annuelle. Il y a beaucoup d’espace de créativité pour financer les coûts d’une revue en Libre Accès à comité de lecture, et nous sommes encore loin d’avoir épuisé notre intelligence et notre imagination.

Pour lire une présentation plus approfondie, avec des liens actifs pour prolonger la lecture, voir mon tour d’horizon du Libre Accès (Open Access Overview), http://www.earlham.edu/~peters/fos/overview.htm.


Première mise en ligne 29 décembre 2004.

Peter Suber

Open Access Project Director , Public Knowledge

Research Professor of Philosophy , Earlham College

Senior Researcher , SPARC

peters@earlham.edu

Copyright© 2004, Peter Suber.
Ceci est un document en Libre Accès.

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